PORTRAIT N°5 : Cécile Goube
#monprojetpourlafilierebois
Ces dernières semaines, je suis partie à la rencontre d’hommes et de femmes engagés et investis professionnellement au sein du secteur forêt-bois, dans des projets tous différents tant sur le format, le statut juridique que leurs objectifs… mais partageant aussi une même ambition : celle d’apporter des solutions concrètes à une problématique identifiée de la filière. Les prochains articles de ce blog seront donc consacrés à ces échanges. Partons ensemble à la découverte de ces nombreuses initiatives et des personnes qui les portent. Nous découvrirons par quelles étapes ils et elles sont passés, leurs difficultés, leur succès, leurs conseils, etc…
Cécile Goube – Plantons pour l’Avenir
Secrétaire Générale d’Alliance Forêts Bois (AFB), Cécile Goube est aussi, depuis sa création, directrice de Plantons Pour L’Avenir (PPLA) : un fonds de dotation qui permet à des propriétaires forestiers de bénéficier d’avances remboursables pour reboiser leurs parcelles dégradées, grâce au mécénat.
Pouvez-vous me présenter votre entreprise, sa raison d’être, et en quoi elle apporte une réponse concrète à une des problématiques de la filière forêt-bois ?
Pour replacer le projet dans son contexte, il faut revenir en 2014. C’est une période à laquelle il y avait de moins en moins d’aides publiques au renouvellement forestier et les courbes du renouvellement forestier étaient en chute libre.
Chez Alliance Forêts Bois, 1er reboiseur de France, nous nous sommes dit qu’en tant qu’acteur de la filière, nous ne pouvions pas être uniquement spectateur de cette catastrophe annoncée. Il fallait trouver une solution pour réussir à inverser la tendance et relancer le reboisement national.
Nous avons donc cherché à mettre en place un outil simple, au service de la filière, pour trouver du financement privé et aider le boisement ou reboisement de parcelles en situation d’impasses technico-économiques.
Nous avons étudié les différentes possibilités qui s’offraient à nous entre l’association, la fondation ou le fonds de dotation. Le fonds de dotation est le système le moins connu car c’est une solution juridique plutôt récente qui date de 2008, mais il est plus simple et plus flexible à mettre en œuvre, et finalement mieux adapté à notre projet.
Grâce à un accompagnement spécifique, le fonds est aujourd’hui structuré selon 3 programmes :
Planter : qui est le programme principal et à l’origine de la création de PPLA. La majorité des financements sont dédiés à ce programme.
Le programme Sensibiliser qui nous permet, par exemple, d’accompagner des écoles ou des associations dans des visites de forêts pour comprendre les enjeux de la gestion durable et de l’utilisation du bois.
Et le programme Innover qui était relativement peu développé jusqu’à cette année, mais qui permet maintenant de financer de gros projets de R&D notamment sur l’adaptation des essences au changement climatique.
Ce sont des programmes très complémentaires qui constituent une des forces du fonds, notamment vis-à-vis de nos mécènes qui apprécient ces 3 axes.
Le programme Planter fonctionne par Appels à Projets nationaux ou régionaux pour les projets de reboisement.
Tout propriétaire forestier français peut y répondre.
Les seuls critères à respecter sont d’ordre technique. Le propriétaire forestier dont la ou les parcelles se trouve dans une impasse sylvicole et économique doit obligatoirement être accompagné par un professionnel (expert forestier, technicien de coopérative ou GFP) et être engagé dans une démarche de gestion forestière durable de type PEFC ou FSC.
PPLA intervient à hauteur de 75 % maximum des frais de reboisement et d’entretien, sous forme d’avance remboursable sur 30 ans. Au lieu d’être subventionné, le propriétaire forestier s’engage à rembourser les sommes perçues grâce notamment aux ventes de bois. Cela crée un cercle vertueux sur des décennies. C’est un choix qui correspond aux valeurs de PPLA, un choix stratégique. Les propriétaires sont plutôt fiers de rembourser et de savoir que l’argent va servir pour d’autres projets de reboisement.
Planter : qui est le programme principal et à l’origine de la création de PPLA. La majorité des financements sont dédiés à ce programme.
Le programme Sensibiliser qui nous permet, par exemple, d’accompagner des écoles ou des associations dans des visites de forêts pour comprendre les enjeux de la gestion durable et de l’utilisation du bois.
Et le programme Innover qui était relativement peu développé jusqu’à cette année, mais qui permet maintenant de financer de gros projets de R&D notamment sur l’adaptation des essences au changement climatique.
Ce sont des programmes très complémentaires qui constituent une des forces du fonds, notamment vis-à-vis de nos mécènes qui apprécient ces 3 axes.
Le programme Planter fonctionne par Appels à Projets nationaux ou régionaux pour les projets de reboisement.
Tout propriétaire forestier français peut y répondre.
Les seuls critères à respecter sont d’ordre technique. Le propriétaire forestier dont la ou les parcelles se trouve dans une impasse sylvicole et économique doit obligatoirement être accompagné par un professionnel (expert forestier, technicien de coopérative ou GFP) et être engagé dans une démarche de gestion forestière durable de type PEFC ou FSC.
PPLA intervient à hauteur de 75 % maximum des frais de reboisement et d’entretien, sous forme d’avance remboursable sur 30 ans. Au lieu d’être subventionné, le propriétaire forestier s’engage à rembourser les sommes perçues grâce notamment aux ventes de bois. Cela crée un cercle vertueux sur des décennies. C’est un choix qui correspond aux valeurs de PPLA, un choix stratégique. Les propriétaires sont plutôt fiers de rembourser et de savoir que l’argent va servir pour d’autres projets de reboisement.
Le cercle vertueux de l’avance remboursable selon Plantons pour l’Avenir
Les surfaces moyennes des projets se situent entre 4 et 6 ha avec un minimum de 1 ha et un maximum de 10 ha. L’avance remboursable, elle, se situe entre 1000 € et 20 000 €.
On peut aussi intervenir en complément d’aides publiques, c’est d’ailleurs une part significative des projets de reboisement que l’on soutient.
C’est un outil créé au service de la filière par les acteurs de la filière. Par exemple, nous proposons une « mise à disposition » du fonds auprès des interprofessions avec la mise en place d’un animateur en région. En fonction du nombre de mécènes et de projets, ils récupèrent une commission pour financer le salaire de la personne. Ce dispositif est déjà en place sur les régions Ile de France, AURA et Bourgogne-Franche-Comté. Nous intervenons aussi en complément de fonds qui existaient déjà dans certaines régions. Cela permet de mutualiser les moyens et les compétences pour faire encore plus et mieux au niveau national.
Un des avantages pour les propriétaires forestiers, c’est notre réactivité.
L’appel à projet est tout le temps ouvert mais a toujours une date butoir. À la suite de la clôture de l’AAP, le comité technique se réunit dans les 15 jours qui suivent, et les propriétaires forestiers sont avertis au maximum 1 mois après la clôture de l’AAP.
Notre principe de base, c’est l’efficacité !
Exemple de reboisement sur la commune de Saint Merd-de-Lapleau (19)
A quel stade du projet en êtes-vous ?
Aujourd’hui Plantons pour l’Avenir a récolté 5 millions d’euros de dons, et a planté 2,2 millions d’arbres sur 303 projets répartis sur toute la France, ce qui représente 1 785 hectares.
Au démarrage, nous n’avions pas d’équipe salariée mais disposions uniquement du mécénat de compétence.
Aujourd’hui ce sont 3 salariés qui animent le fonds sur des postes de direction déléguée, communication et chargé de mécénat.
On observe une montée en puissance des demandes de contacts d’entreprises avec parfois même des demandes étonnantes. Récemment nous avons été contactés via le formulaire de notre site web par une entreprise qui souhaite donner 30 000 €, ce n’est pas rien !
Le reboisement, l’arbre, la forêt… sont des sujets aujourd’hui à la mode, ce qui joue certes en notre faveur.
Mais je pense aussi que le mécénat est beaucoup plus développé sur les aspects culturels et sociaux et moins sur l’environnement. Il y a très peu de structures de taille importante qui peuvent répondre à la demande des entreprises sur ces sujets, le potentiel est donc important !
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Il a fallu se faire connaître.
Au début, aller chercher de l’argent ce n’était pas si simple que ça. Dans des PME et TPE c’est le patron qui décide, il faut donc le connaître !
Dans les grands groupes, il faut avoir accès aux dirigeants et ensuite convaincre en CODIR.
Enfin une des difficultés, c’est qu’il faut transformer l’essai…mais surtout le fidéliser sur plusieurs années ! Cela ne se fait pas simplement avec des mailings. Il faut aller au contact et expliquer le message et le mécénat environnemental qui est très peu connu. C’est une relation qui se travaille dans le temps.
« Il faut transformer l’essai…
mais surtout le fidéliser sur plusieurs années ! »
A contrario, quelles étapes ont été les plus faciles ?
L’année 2020 a été plus facile que prévue !
Avec la crise Covid, nous avions envisagé de réduire un peu la voilure pensant que les entreprises allaient moins donner, mais c’est la plus forte année connue avec 1,2 millions d’euro de dons.
Les français et les entreprises ont été plus généreux en 2020 que les autres années.
C’est aussi notre travail sur plusieurs années qui aboutit.
Comment s’est passée la période du montage financier ?
Mis à part la recherche de mécènes nous n’avons pas eu à chercher de financements pour monter la structure. Notre grande force c’est que les structures fondatrices, les coopératives de l’UCFF, ont prêté main forte notamment sur les aspects RH et administratifs via du mécénat de compétences. Nous n’avons donc pas fonctionné comme pour la création d’une startup ex nihilo.
Cela a tout de suite été une grande force, et le reste encore aujourd’hui.
Nous nous appuyons également sur le réseau des Gestionnaires Forestiers Professionnels (GFP) partout en France pour les travaux sylvicoles.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire ? (sur le projet, sur votre méthode de travail, votre organisation…)
La crise sanitaire a eu un impact sur la partie relationnelle de notre travail.
Nous avions l’habitude d’aller sur les salons et dans divers évènements et bien sûr tout a été annulé.
A l’époque nous avions eu peur de manquer d’opportunités de rencontres. De fait, cela nous a encouragé à renforcer notre présence numérique.
Nous avons pu compenser via les moyens de rencontres distanciels, les contacts noués lors d’évènements, cela a été possible aussi grâce à l’aboutissement de notre travail tout au long des années précédentes.
Enfin nous avons aussi dû revoir une partie de notre organisation. Nous avions l’habitude de proposer à nos mécènes des animations, et particulièrement tous les ans le comité des mécènes. En 2020 nous avons tout fait en visioconférence. Le sujet choisi était celui du Carbone avec des intervenants de Carbone 4 et du FCBA.
Nous avons dû nous adapter mais cela a bien fonctionné.
Comment arrivez-vous à maintenir un équilibre pro/perso ?
C’est vrai que j’y ai mis beaucoup d’engagement, mais j’avais aussi toute une équipe autour de moi. A titre personnel, le mécénat est un domaine qui m’a toujours intéressé.
C’est un grand plaisir d’avoir réussi à porter un sujet si passionnant sur la forêt.
J’ai une très grande satisfaction d’y avoir passé quelques soirées….
Qu’avez-vous mis en place pour communiquer ? Est-ce que cela fonctionne bien ?
Nous communiquons de plusieurs manières.
Nous travaillons un premier volet plus « physique/présentiel » avec la participation à de nombreux évènements de filière aux côtés de nos mécènes. Sur les salons par exemple, nous ne prenons pas de stand mais nous sommes aux côtés de nos mécènes pour les accompagner.
Notre deuxième axe de travail concerne le digital.
Notre site internet est aujourd’hui bien référencé, nous avons de bons retours.
Nous communiquons aussi sur les réseaux sociaux via Linkedin et Facebook et nous en voyons directement les résultats.
Par exemple, lorsqu’une entreprise cherche à devenir mécène, ils prennent souvent des jeunes pour faire un benchmark des solutions existantes. Et les jeunes font forcément leur recherche sur le web et les réseaux. Plusieurs nous ont trouvé grâce à Linkedin.
Capture d’écran du compte LinkedIn de Plantons pour l’Avenir
Enfin il y a tout une partie qui se fait naturellement via nos mécènes qui veulent valoriser leur mécénat. Au début, ils n’avaient pas forcément les éléments de langages adaptés.
Nous leur avons mis à disposition un kit de communication avec des exemples de messages clés, de kakemonos, de signatures, d’affiches ou encore de motion design.
Nous leur fournissons les chiffres sur lesquels ils peuvent communiquer : xx arbres plantés, tant de m3 cubes de bois produits, X emplois crées … et ils font ensuite eux même leurs supports de communication.
C’est une grande satisfaction lorsque l’on voit des publications de nos mécènes qui mettent en avant le Fonds comme la vidéo de Rullier Bois ou comme LPR, Gutenberg ou DRT dans leurs rapports RSE.
Pour la suite, nous aimerions créer et animer un comité d’ambassadeurs PPLA.
Nous avons d’ailleurs notre premier ambassadeur avec Mathieu Claveau.
Cet ingénieur/skipper souhaite prendre la mer et porter un message fort sur la forêt et la nécessité du reboisement en France. Nous avons par exemple monté avec lui l’opération “1 mile = 1 arbre” pour planter autant d’arbres que de miles parcourus avec la création d’une cagnotte en ligne :
Si dans un an, vous aviez toute la réussite attendue, à quoi cela ressemblerait-il ?
J’aimerais que le fonds soit pleinement reconnu par la filière, les interprofessions, France Bois Forêt…comme étant une solution extraordinaire au service de tous. Nous serons plus forts si nous travaillons tous ensemble plutôt que chacun de son côté.
« On pourrait alors, pourquoi pas, imaginer
le « Téléthon du Reboisement » »
Que diriez-vous/quel conseil à quelqu’un qui a envie de monter un projet dans la filière forêt-bois ?
Je lui conseillerais de s’appuyer sur les acteurs (conséquents) déjà existants car il y a déjà beaucoup de choses qui sont créées.
C’est compliqué d’arriver dans une filière qui n’est pas simple (on travaille avec du vivant), en faisant fi de ce qui existait avant.
Si l’on ne s’appuie pas sur des acteurs déjà en place, le risque c’est de rater une partie des informations et des connaissances.
L’ histoire de Cécile vous a plu et vous souhaitez rentrer en contact avec elle ?
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