PORTRAIT N°2 : François Vulser
#monprojetpourlafilierebois
Ces dernières semaines, je suis partie à la rencontre d’hommes et de femmes engagés et investis professionnellement au sein du secteur forêt-bois, dans des projets tous différents tant sur le format, le statut juridique que leurs objectifs… mais partageant aussi une même ambition : celle d’apporter des solutions concrètes à une problématique identifiée de la filière. Les prochains articles de ce blog seront donc consacrés à ces échanges. Partons ensemble à la découverte de ces nombreuses initiatives et des personnes qui les portent. Nous découvrirons par quelles étapes ils et elles sont passés, leurs difficultés, leur succès, leurs conseils, etc…
François Vulser – La Wood Tech
Après une école de commerce spécialisée en entrepreneuriat et une création d’entreprise qui tombe à l’eau, François a voulu mieux comprendre le monde des investisseurs en travaillant pendant 18 mois à l’animation du réseau Forinvest Business Angel.
Un voyage seul en Amérique du Sud, et de nombreuses questions sur la suite de son activité, et le voici aujourd’hui à fédérer les start-up innovantes de la filière forêt-bois grâce à la Wood Tech.
Pouvez-vous me présenter le projet, et en quoi il apporte une réponse concrète à une des problématiques de la filière ?
Avec Forinvest Business Angels, j’ai vu beaucoup de belles initiatives.
C’est pourquoi j’ai eu l’idée de lancer le concours La Canopée et ainsi pouvoir les valoriser avec cette première exposition. La première édition du concours s’est bien déroulée, même s’il a fallu composer avec les aléas liés à la crise sanitaire.
A la suite de ce concours, j’ai senti qu’il y avait un besoin pour de nombreuses entreprises d’être accompagnées sur des thématiques transversales.
J’ai donc réalisé une session de brainstorming et de veille sur d’autres filières et notamment l’agriculture pour voir ce qu’il se faisait, et j’ai découvert La Ferme digitale. C’est un concept très intéressant. C’est un modèle associatif qui permet de faire du réseau, de rencontrer des partenaires et d’avoir accès à de nombreuses ressources. Ils mutualisent les dépenses pour être présents, par exemple, au salon de l’Agriculture et arrivent à obtenir une certaine notoriété, à avoir une voix.
En parallèle j’ai rencontré Xylofutur qui avait son idée de développer un service dédié aux start-up et j’ai réalisé une mini-étude de marché pour vérifier la pertinence du concept.
Ainsi depuis début novembre 2020 je suis complètement dédié au développement de la Wood Tech en tant que salarié chez Xylofutur. On peut dire que je suis intrapreneur, je développe un projet comme un entrepreneur, tout en étant salarié et cela me convient bien !
Je développe donc le concept avec les 18 start-up, selon quatre axes de travail :
la visibilité, grâce à une marque et une mutualisation des dépenses pour être présents sur les salons
la mise en réseau des start-ups : avec les adhérents de Xylofutur, les entreprises, les laboratoires de recherche, les industriels… Je leur demande de réfléchir comme une promotion d’école : entraidez-vous, partagez-vous des contacts ! Les mots d’ordre sont la collaboration et la coopération
la mise à disposition de ressources via la construction d’une boîte à outils qui contient par exemple des vidéos pour l’aide à la prise de parole en public, des modèles de présentation, de business plan, une veille sur les appels à projet ou encore les concours…
la rencontre avec des investisseurs, pour permettre aux start-up en cours de levée de fond, de faire face aux bons interlocuteurs.
A quel stade du projet en êtes-vous ?
Les start-up ont été recrutées et sont aujourd’hui au nombre de 19. Le site web de la Wood Tech est en ligne et la boîte à outils a été livrée le 19 mars.
Nous commençons à rentrer vraiment dans le concret :
Tous les mois a lieu une présentation d’un spécialiste sur un domaine transversal, la première a eu lieu le mois dernier avec l’intervention de Cyrille Cabaret, Partner chez Demeter qui a présenté aux membres de La Wood Tech les étapes de la levée de fonds auprès de Venture Capitalists (VC).
Une journée de présentation est aussi prévue mi-mai afin de présenter les différents acteurs. J’ai encore beaucoup de pistes à explorer, je pense par exemple à l’organisation d’une rencontre avec France Angels pour faciliter aux start-up la rencontre de Business Angels.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
J’ai mis beaucoup de temps à affiner ma proposition de valeur, qui va sûrement d’ailleurs encore évoluer. Je voulais que mon offre soit pertinente. Six start-up ont d’ailleurs participé à un comité de communication et de développement pour travailler sur ce sujet.
Puis la période de recrutement des start-ups a été assez compliquée : c’est le concept de l’early-bird, j’avais un support de communication sur lequel m’appuyer, mais pas de proposition réellement concrète puisque le format est tout nouveau. Il a fallu convaincre !
Enfin, au tout début j’ai fait une communication sur Linkedin qui a très bien marché, je n’avais jamais eu autant de visibilité, j’ai touché des gens de mon 2ème ou 3ème cercle. Mais finalement cela a été très chronophage, ça allait dans tous les sens et c’était le problème. Il a fallu du temps pour trier et qualifier toutes ces rencontres.
A contrario, quelles étapes ont été les plus faciles ?
J’ai dit que la phase de recrutement des start-up était difficile, c’est vrai, mais je suis plutôt satisfait du résultat et surtout d’avoir réussi à en recruter dix-huit. J’y ai passé beaucoup de temps. Et c’est très satisfaisant de voir que ces start-up ont une vraie envie d’entraide et de partage.
Je me rends compte également que la Wood Tech peut avoir une certaine capacité à fédérer autour d’intérêts différents : j’ai des propositions de collaborations issues de la filière mais venant aussi d’autres secteurs.
Comment s’est passée la période du montage financier ?
Pour l’instant, c’est Xylofutur qui permet de financer mon salaire.
En revanche c’est à moi de trouver des solutions pour financer toutes les actions supplémentaires. Chaque start-up paie une adhésion de 500 €. Mon objectif c’est de trouver des sponsors pour faire vivre et créer des actions de qualité.
Aujourd’hui j’ai réussi à trouver des partenaires qui ont réalisé des apports en nature comme la réalisation du site internet mais je suis en recherche permanente.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire ? (sur le projet, sur votre méthode de travail, votre organisation…)
En raison de la crise sanitaire, tous les évènements et salons sont annulés. Or c’est un aspect important dans la proposition de la Wood Tech : la mutualisation des moyens pour pouvoir exposer sur ces évènements.
Comment arrivez-vous à maintenir un équilibre pro/perso ?
C’est vrai qu’en ce moment je rentre un peu plus tard chez moi…
Mais j’adore parce que je ne vois pas le temps passer. Pour l’instant ce n’est pas un problème. Cela m’épanouit. Je pense que le couvre-feu m’aide un peu à me consacrer au travail, il y a moins de distractions….
J’arrive tout de même à garder du temps pour moi le week-end, même s’il m’arrive parfois d’avoir mes meilleures idées à ce moment-là. Je les note alors dans mon téléphone pour y retravailler plus tard.
Qu’avez-vous mis en place pour communiquer ? Est-ce que cela fonctionne bien ?
Un site internet est en ligne ainsi qu’une page Linkedin.
Capture d’écran du site de la WoodTech
Un communiqué de presse est en cours de rédaction : j’aimerai l’amener à la discussion de notre prochain comité de de développement et de communication.
On vise dans un premier temps la presse professionnelle filière forêt-bois.
Dans un second temps je pense que l’on peut aussi avoir un certain impact sur la presse généraliste quand je vois ce qu’a fait la Winetech et la Foodtech.
Envisagez-vous d’autres actions ?
En interne, je peux m’appuyer sur les compétences de la chargée de communication de Xylofutur.
Concernant la stratégie de communication, j’envisage la mise en place de partenariats qui vont permettre de communiquer sur toutes les actions qui ont lieu.
Je pense que la communication peut être améliorée sur certains aspects.
Aujourd’hui, l’effervescence qu’a eu mon premier post sur LinkedIn est un peu retombée et je touche beaucoup moins d’acteurs. Un gros travail reste à faire pour réussir à booster cette communication et mettre en place une ligne directrice forte. J’envisage d’ailleurs d’intégrer un stagiaire qui va travailler sur ces aspects.
J’avance en marchant alors tout n’est pas forcément parfait mais ça a le mérite d’exister !
Que diriez-vous/quel conseil à quelqu’un qui a envie de monter un projet dans la filière forêt-bois ?
Je lui dirai quelque chose que je n’aurai pas aimé entendre tellement ça parait évident…
“Il ne faut rien lâcher, il faut faire preuve de pugnacité.”
Au début, j’étais un peu découragé quand je contactais des start-up et que j’essuyais de nombreux refus, je pensais que je m’étais trompé. On ressent souvent cette solitude du dirigeant. J’ai eu souvent envie d’abandonner mais j’ai réussi à m’auto convaincre et je suis plutôt satisfait du résultat.
« Il faut avoir de la ressource et une bonne capacité à plier
mais à ne pas rompre… »
L’ histoire de François vous a plu et vous souhaitez rentrer en contact avec lui ?
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ou sur le site web de La Wood Tech